"Esprit de meute"

(Suite de la page " L'Appel du crépuscule")

LE CHANT DE L'AUBE. 

Contrairement à l'animal sûr de lui, le loup acceptant l'autorité (je préfère ce terme à celui de soumission) aura tendance à délivrer des messages apaisants. Son attitude teintée d'humilité évitera autant que possible l'affrontement. Oreilles aplaties, queue entre les pattes, regard baissé, il renoncera au conflit qui pourrait lui coûter de sévères blessures. On peut d'ailleurs apprécier la manière employée par notre canidé pour mettre fin aux hostilités. Il se couche sur le dos, présentant à son congénère les parties les plus fragiles de son corps en signe de confiance.  

Les loups communiquent également grâce au toucher. Ils recherchent souvent le contact. Fourrures contre fourrures, ils échangent des coups de langue affectueux sur le museau comme s'ils étaient heureux de se retrouver après une longue absence.

Chaque meute marque son propre territoire de repères olfactifs habilement disposés. De nombreux dépôts d'urine, fèces et sécrétions diverses maintiennent généralement les loups solitaires et les meutes étrangères hors des frontières établies. Ce système de communication garantit une paix certes relative puisque des circonstances exceptionnelles peuvent inciter d'autres individus à pénétrer à l'intérieur d'une zone défendue. Le marquage est une fonction très importante chez le loup. Il ne se limite pas à la défense d'un espace de vie. Il semblerait par exemple que les louveteaux marquent de leur salive la tétine dont ils s'emparent ou que le mâle dominant dépose son urine sur celle de sa compagne afin d'éviter qu'elle ne soit courtisée par un autre mâle. Le domaine olfactif occupe donc une large place dans la vie des loups et cela pour une bonne raison: leur odorat, par son extrême finesse, surpasse tout les autres sens.

J'avance pas à pas dans l'étude de la communication chez le loup - des petits pas de fourmis, vu le temps passé à écrire ce texte. A présent, je me demande comment aborder l'élément le plus surprenant: le hurlement. Je sais bien peu de choses sur ce chant de ralliement propre à chaque individu. Il guide les loups vers leur meute, signale l'occupation d'un territoire. Peut-être rassure-t-il ou évoque-t-il simplement le plaisir d'être ensemble? On dit souvent d'un chien qui hurle: «il fait le loup!». Mais qu'est-ce qui "fait" le loup, si ce n'est le hurlement? Alors, ne cherchons pas à briser trop tôt le mystère. Savourons juste la beauté de ce chant.

"Même les sauvages ont un cœur"

"Parfums sauvages"